Login

Une nouvelle partie s'est engagée pour l Une nouvelle partie s'est engagée pour les filières viandes

Les éleveurs ne sont pas les seuls à avoir les cartes en main. Les pouvoirs publics et l'aval ont un rôle à jouer.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les productions animales ont de l'avenir. Et, n'en déplaise à ceux qui passent leur temps à dénigrer l'élevage et la consommation de viande, il y aura bientôt 9 milliards de bouches à nourrir sur terre. Leur pouvoir d'achat progressant, ces femmes et ces hommes voudront consommer davantage de protéines animales. Les filières avicoles et piscico les sont déjà désignées comme les grandes gagnantes de cette croissance. La question qui se pose aujourd'hui à la France est de savoir quelle place elle souhaite occuper demain dans ce nouveau paysage. Celle d'une grande puissance agroalimentaire avec une vocation exportatrice ?

L'enjeu dépasse les seules filières animales. Pour ne prendre qu'un exemple, le secteur français de la nutrition animale aura fabriqué 21 millions de tonnes d'aliments composés cette année. 77 % de ses matières premières sont françaises.

A écouter ou lire les experts, l'élevage français a des atouts. A condition de savoir négocier le virage qui se présente devant lui, et abattre les bonnes cartes. Les débats lors du colloque organisé le 10 décembre à Paris par le Réseau mixte technologique (RMT) « Economie des filières animales », en témoignent. Un mot revenait dans tous les exposés : la compétitivité. Force est de constater que nos filières d'élevage doivent en retrouver. Le maillon de la production n'est pas le seul joueur de la partie à devoir se remettre en mouvement. L'aval et les pouvoirs publics font aussi partie du tour de table.

REDONNER ENVIE DE PRODUIRE

Les pouvoirs publics peuvent mettre de l'huile dans les rouages. Ils estiment sans doute l'avoir fait avec la réforme de la Pac, ou encore avec les plans stratégiques pour les filières avicole et porcine élaborés sous l'égide d'un délégué interministériel, qui a aujourd'hui disparu de la carte. Les professionnels français ont bien compris que l'Etat n'a plus les moyens de miser autant que par le passé. Sur le plan financier, en tout cas. Ils attendent autre chose d'eux. Comme par exemple un peu de souples se sur le plan réglementaire pour la restructuration des élevages. Beaucoup s'interrogent sur les intentions réelles des ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie concernant l'évolution de la réglementation sur les installations classées pour la protection de l'environnement (voir page 50). Ce ne serait qu'un renvoi d'ascenseur, après tout. Qui a figé le paysage breton avec la circulaire Voynet-Le Pensec ? Il est temps de reconnaître les efforts faits par les éleveurs pour la reconquête de la qualité de l'eau. Laisser les producteurs de porcs rapatrier sur leur exploitation les animaux qu'ils font engraisser à façon, leur redonnerait de l'élan.

De même, étendre à la production avicole le régime d'enregistrement imaginé pour le secteur porcin serait justifié. C'est là aussi un moyen de construire un maillon production solide, capable de faire jeu égal avec son homologue allemand. C'est aussi une occasion de renouer un lien avec la société. Le concept de bâtiment à énergie positive, c'est-à-dire qui produit davantage d'énergie qu'il n'en consomme, et qui intègre la problématique environnementale, n'est-il pas une occasion de renouer les liens avec la société ? Mais cela nécessite des ateliers d'une certaine taille.

Pour redonner envie aux éleveurs de produire, un autre point clé est la lisibilité que leurs partenaires peuvent leur apporter. L'année a mal commencé avec la suppression, par Stéphane Le Foll, de l'aide à l'engraissement. L'aval a aussi un rôle clé. A la moindre occasion, les abatteurs font pression sur les cours des gros bovins. Ce n'est pas un signal positif envoyé aux éleveurs. Cela dit, leur situation financière est tendue, voire davantage. Depuis janvier, leur activité s'effondre. Ce qui n'est pas sans poser de difficultés à une industrie dont la saturation des outils est primordiale.

DE L'AUTRE CÔTÉ DU RHIN

Les abatteurs disent aussi faire les frais de la guerre des prix bas que se livrent les distributeurs. Le modèle allemand doit les laisser rêveurs. Lors du colloque du RMT « Économie des filières animales », Thomas Roeb, professeur à l'université de Bonn-Rhein-Sieg, a expliqué comment Aldi, poids lourd du hard-discount outre-Rhin, a construit un partenariat avec le groupe Tönnies. Et comment cela a assuré le développement de cet abatteur, qui est aujourd'hui au côté du distributeur à l'assaut de l'Espagne. Et tout cela n'empêche pas d'exiger des prix.

Les difficultés actuelles ne doivent pas plus servir d'arguments pour ne rien faire. Les difficultés de Gad étaient un secret de Polichinelle. C'est la même chose pour les surcapacités d'abattage dans les différentes filières. Il serait dommage que les déboires du groupe Vion et ses erreurs de stratégie découragent les bonnes volontés. Certains opérateurs commencent à utiliser cet argument pour ne rien faire.

Mais après tout, pourquoi tendre la main à un concurrent ? Autant attendre qu'il soit à terre pour ramasser les morceaux. Comment imaginer que l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère) avec ses certificats d'exportation n'ait intéressé aucun opérateur ? Cela aurait sans doute été l'occasion d'amorcer la nécessaire restructuration de la filière. Mais cette affaire se traite en famille, entre les actionnaires du groupe Cecab, et non à une échelle plus globale.

[summary id = "10022"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement